Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/509

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naire. Alors Marcellus s’écria : « Puisque je ne puis rien faire ici par le consentement de tous, seul je me charge du salut public sous ma responsabilité ! » Puis il courut dans le faubourg où Pompée avait ses quartiers, et, lui présentant une épée, il lui adressa ces paroles : « Je te somme de prendre le commandement des troupes qui sont à Capoue, d’en lever d’autres, et d’aviser aux mesures nécessaires pour le salut de la République. » Pompée accepta cette mission, mais en faisant des réserves : il dit qu’il obéirait aux ordres des consuls, « si toutefois il n’y avait rien de mieux à faire. » Cette réflexion prudente, dans un moment si critique, peint le caractère de l’homme[1]. M. Marcellus comprit tout ce que sa conduite avait d’irrégulier et amena avec lui les consuls désignés pour l’année suivante (705) ; même avant leur entrée en fonction[2], qui devait avoir lieu dans quelques jours, ils avaient le droit de rendre des édits indiquant les principes d’après lesquels ils se proposaient d’agir pendant leur magistrature. C’étaient L. Cornelius Lentulus Crus et C. Claudius Marcellus, ce dernier parent du précédent consul du même nom, tous les deux ennemis de César. Ils s’engagèrent auprès de Pompée à soutenir de tous leurs efforts la mesure que leur prédécesseur avait prise à ses risques et périls. On le voit, ce sont les consuls et Pompée qui se révoltent contre les décisions du sénat.

Curion ne put pas s’opposer régulièrement à ces mesures, les tribuns n’ayant pas le droit d’exercer leurs pouvoirs hors de Rome ; mais il attaqua devant le peuple ce qui venait de se faire et demanda qu’on n’obéît pas à la levée de troupes ordonnée par Pompée au mépris de la légalité[3].


  1. Appien, Guerres civiles, II, xxxi. — Cicéron, Lettres à Atticus, VI, ix ; VII, i.
  2. Dion-Cassius, XL, xlvi.
  3. Appien, Guerres civiles, II, xxxi.