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CHAPITRE TROISIÈME.

CAMPAGNE CONTRE LES HELVÈTES.

AN DE ROME 696.

(Livre I des Commentaires.)

Projets d’invasion des Helvètes.

I. César, ainsi qu’on l’a vu, avait reçu du sénat et du peuple un commandement qui comprenait les deux Gaules (transalpine et cisalpine) et l’Illyrie[1]. Cependant l’agitation qui continuait à régner dans la République le retenait encore aux portes de Rome, lorsque tout à coup, vers le printemps de 696, on apprit que les Helvètes, reprenant leur projet, se préparaient à envahir la Province romaine. Cette nouvelle causa une vive émotion.

Les Helvètes, fiers de leurs anciens exploits, confiants dans leurs forces, gênés par l’excès de la population, se sentaient humiliés de vivre dans un pays dont la nature avait resserré les bornes, et méditaient depuis plusieurs années de le quitter pour se rendre dans le midi de la Gaule.

Dès 693, il ne fut pas difficile à un chef ambitieux, Orgetorix, de leur inspirer l’envie de trouver ailleurs un territoire plus fertile et un climat plus doux. Ils résolurent

  1. Les limites de l’Illyrie, au temps de César, sont peu connues ; cependant il paraît que cette province comprenait l’Illyrie actuelle, l’Istrie et une partie de la Carniole. Aquilée devait en être une des villes principales ; elle est située au fond du golf de la mer Adriatique, non loin de l’Isonzo. En effet, Strabon (I, p. 178) dit qu’Aquilée était située hors des frontières des Vénètes, dans le territoire desquels cette ville fut comprise sous Auguste. D’autre part, Tite-Live (XXXIX, lv) nous apprend que la colonie d’Aquilée avait été fondée en Istrie ; et Hérodote (I, 196), comme Appien, compte les Istriens parmi les peuples de l’Illyrie.