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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/58

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d’aller s’établir dans le pays des Santons (la Saintonge), situé sur les côtes de l’Océan, au nord de la Gironde. Deux ans durent être employés en préparatifs, et, par un engagement solennel, le départ fut fixé à la troisième année. Mais Orgetorix, envoyé chez les peuples voisins pour contracter des alliances, conspira avec deux personnages influents, l’un du pays des Séquanes, l’autre du pays des Éduens : il les engagea à s’emparer de l’autorité, leur promit le secours des Helvètes, et leur persuada que ces trois puissantes nations liguées soumettraient facilement toute la Gaule. Ce complot échoua par la mort d’Orgetorix, accusé dans son pays de vouloir usurper le pouvoir. Les Helvètes n’en persistèrent pas moins dans leur projet d’émigration. Ils réunirent le plus grand nombre possible de chariots et de bêtes de somme ; et, afin de s’ôter toute idée de retour, ils brûlèrent leurs douze villes, leurs quatre cents bourgs et tout le blé qu’ils ne purent emporter. Chacun se munit de farine[1] pour trois mois, et, après avoir persuadé à leurs voisins les Rauraques[2], les Tulinges, les Latobriges[3], d’imiter leur exemple et de les suivre, après avoir attiré à eux ceux des Boïens qui du Norique s’étaient rapprochés du Rhin, ils fixèrent le rendez-vous sur les bords du Rhône, au 5 des calendes d’avril (24 mars, jour de l’équinoxe)[4].

  1. « Molita cibaria. » (Guerre des Gaules, I, v.)
  2. Les Rauraques habitaient un territoire qui répond à peu près à l’ancien évêché de Bâle. La ville de ce nom s’appela, sous les empereurs, Augusta Rauracorum.
  3. Habitants du sud du grand-duché de Bade. On croit que la ville de Stühlingen, près de Schaffhouse, tire son nom des Tulinges.
  4. Guerre des Gaules, I, vi. Les savants se sont donné beaucoup de peine pour déterminer la concordance du calendrier anté-Julien et du calendrier Julien ; malheureusement les résultats qu’ils ont obtenus laissaient beaucoup à désirer. Nous avons prié M. Le Verrier de résoudre ce difficile problème, et nous devons à son obligeance les tableaux placés à la fin de ce volume, Appendice A.