Ils n’avaient que deux chemins pour sortir de l’Helvétie : l’un traversait le pays des Séquanes, dont l’entrée était défendue par un défilé étroit et difficile, situé entre le Rhône et le Jura (le Pas-de-l’Écluse) et où les chariots ne passaient qu’avec peine un à un ; comme ce défilé était dominé par une très-haute montagne, une poignée d’hommes suffisait pour en interdire l’accès. L’autre chemin, moins resserré et plus facile, traversait la Province romaine après avoir franchi le Rhône, qui séparait les Allobroges des Helvètes, depuis le lac Léman jusqu’au Jura. Sur cette étendue, le fleuve était guéable en plusieurs endroits[1]. À Genève, extrême limite du territoire des Allobroges du côté de l’Helvétie, un pont établissait une communication entre les deux pays. Les Helvètes se décidèrent à prendre le chemin le plus commode ; ils espéraient d’ailleurs le concours de ce peuple voisin, qui, récemment soumis, ne devait avoir pour les Romains que des sympathies douteuses[2].
II. César, apprenant que les Helvètes avaient l’intention de traverser la Province romaine, partit précipitamment de Rome, au mois de mars, se rendit à grandes journées dans la Gaule transalpine, et, selon Plutarque, arriva à Genève en huit jours[3]. Comme il n’avait dans la Province qu’une seule légion, il ordonna d’y lever le plus d’hommes possible et fit ensuite rompre le pont de Genève. Instruits de son arrivée, les Helvètes, qui probablement n’étaient pas encore tous rassemblés, envoyèrent les plus nobles d’entre eux demander le passage à travers le pays des Allobroges,