Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/206

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par se convaincre qu’aucun calcul n’avait déterminé son acte ; elle se donnait à l’autre par nécessité, par besoin d’un mâle, et même, comme si elle eût senti qu’elle frustrait le vieux d’une tendresse à laquelle il avait droit, elle cherchait à compenser la chose en l’entourant plus que jamais de soins et de prévenances.

D’ailleurs, peu à peu, malgré les terribles révoltes du début, Jourgeot en était arrivé à se familiariser avec cette situation et à concevoir qu’on peut tout de même vivre en… partageant. Donc, toutes rages éteintes, il acceptait la chose en attendant les événements, quitte à se venger d’autre façon le jour où l’occasion se présenterait, car il tenait toujours à prouver qu’il n’était point dupe et à se débarrasser de Mablot en mettant les rieurs de son côté.

Ce fut pour ces raisons sans doute qu’il accueillit d’un air enjoué et d’une âme égale l’annonce calmement faite par la Julie d’une paternité future et les sourires des voisins, les cancans des commères et jusqu’aux plaisanteries égrillardes du maire ainsi que de son secrétaire de mairie, le maître d’école, qui le félicitaient ironiquement de sa verdeur :

— Si vous allez tous les ans me donner du travail comme ça et des inscriptions à faire au registre des naissances, je serai obligé de demander à la commune une augmentation.