Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/232

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Les gens du village n’avaient trouvé nulle part trace du passage du Rouge ; quant aux représentants de la force publique, on les aperçut bientôt débouchant du chemin qui menait au chef-lieu de canton. Tous deux avaient l’air grave et préoccupé, ainsi qu’il sied à des gens investis de l’autorité et qui sentent qu’ils ont à remplir une mission particulièrement délicate et redoutable.

— C’est pas de la blague, pensait Mimile, qui, les tempes bourdonnantes et la gorge sèche, s’en fut de nouveau mettre son museau sous le goulot de la fontaine.

On indiqua au brigadier la demeure de la Tavie et, accompagné de son subordonné, il s’y rendit sans perdre une minute. Des curieux essayèrent de se faufiler à leur suite, mais ils s’opposèrent à toute intrusion importune, voulant avant tout et en premier lieu interroger la petite victime ainsi que ses parents pour passer ensuite à l’audition des témoins.

Avec des frissons, Mimile vit la porte se refermer sur leurs dolmans.

— Pourvu qu’elle ne dise rien, se répétait-il et que le père Louchon se taise, lui aussi.

Cependant, tout le village était en émoi : un à un ou par petits groupes les traqueurs étaient rentrés et, en attendant la sortie des gendarmes, discutaient violemment. Chose bizarre, le père Louchon, qui venait de passer à côté de Mimile,