Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/249

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dégoûtant, sale femellier ! Qu’est-ce que ma fille va devenir maintenant que tu nous l’as emplie ?

— Dites donc, répliqua le Pape, devenu plus blême encore, ma boutique n’est pas un champ de foire et vous allez me faire le plaisir d’aller gueuler dehors…

Et vivement ! continua-t-il, en saisissant une trique d’un geste résolu.

La femme n’eut que le temps de se retirer en cintrant l’échine pour éviter à son derrière le contact brutal du bois cependant que Joséphine qui avait contemplé immobile et muette cette scène rapide était violemment empoignée au collet et projetée à toute volée dans le dos de sa mère.

— Ça t’apprendra à aller lui monter le coup, ragea le Pape ; et que je ne vous revoie plus ici ni l’une ni l’autre, sinon… gare à vot’e peau !

Suffoquée de colère et d’indignation après cette expulsion brutale, la femme du Carcan fit un beau scandale, et ameuta tout le quartier, hurlant contre les saligauds, qui, parce qu’ils ont quat’ sous, en profitent pour engrosser sous menace de mort les pauvres filles et les laisser ensuite sur le pavé. Là-dessus, elle déclara qu’on allait voir et que ça n’allait sûrement pas se passer comme ça !

Le Carcan rentrait des champs ; il fut mis au courant de l’affaire et bientôt mêla son organe tonitruant aux glapissements de sa conjointe. Il