Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/251

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cemment votée obligeait le père à venir en aide à la fille qu’il avait séduite.

— Ah ! La paternité existe ! gueula le Carcan. Ah, ben ! nom de D… ! on va voir ! Ah, mon cochon, tu veux « enceintrer » les filles et les laisser sur le dos de leurs vieux ; attends voir un peu !

La nouvelle, comme une traînée de poudre, se répandit dans le pays :

— Le Carcan va poursuivre le Pape en justice. Paraît qu’il a le droit. Et il va le faire marcher !

— Ah, tant mieux ! On va rire !

Cependant le Pape fut lui aussi par sa famille averti de ce qui se préparait et bien qu’il eût prétendu fortement qu’il resterait maître chez lui, il commença par n’en pas mener large.

— On ne veut pas que tu la prennes pour femme, articula en dernier ressort son père ; arrange-toi comme tu voudras.

— Eh ! je n’y tiens pas non plus, protestait-il, mais comment l’empêcher de marcher ?

— Comment ? À toi de voir, riposta le vieux. Tu ne m’as pas demandé avis pour coucher avec la donzelle ; eh bien, « tâche moyen » aussi de te débrouiller tout seul.

Le Carcan ne rentra chez lui que le soir. Joséphine pleurait dans un coin et sa mère, tout en