Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/252

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cardant à gestes secs et comme rageurs un paquet de laine, poussait de temps à autre une virulente malédiction.

Point trop saoul, le chef de famille mit au courant sa conjointe et sa fille des renseignements recueillis et tout de suite intéressées, les deux femmes se rapprochèrent pour écouter ses explications et tenir conseil.

— La paternité existe, déclara sentencieusement le Carcan ! Par « conséquence » il faudra que ça « soille » le mariage ou qu’il paye pour élever le gosse.

— Il ne voudra jamais se marier avec moi maintenant, pleurnicha Joséphine en songeant à la scène du matin ; je suis sûre qu’on lui a monté le coup.

— Alors, conclut le Carcan, il « crachera du bassinet ».

Un silence se fit. Chacun réfléchissait. Le Carcan, au fond, préférait à toute autre cette solution. Sa fille mariée, si le ménage y gagnait quelques bouteilles de vin et quelques livres de café, par contre, il y perdait lui tout le bénéfice de ses gages, simplement. Si Joséphine ne se mariait pas, elle continuerait à « turbiner » pour la maison, la vieille élèverait le mioche, et lui, le patron, empocherait la galette que le Pape, de gré ou de force lui remettrait. Car, s’il ne voulait pas, de bonne volonté, payer la somme qu’il lui récla-