Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/256

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Ainsi que cela se produisait chaque fois qu’il avait trop pompé le jour d’avant, il se sentait la tête un peu fiévreuse, le front chaud, les nerfs excités et la gorge sèche.

Une chopine de blanc eût certes bien fait son affaire surtout, prétendait-il, qu’il avait particulièrement besoin de se sentir d’attaque pour aller affronter le suborneur de sa fille.

Sa femme s’étant obstinément refusée à céder à ses injonctions, il se résigna de fort méchante humeur à vaquer à ses travaux quotidiens dans la ferme ; puis, s’étant débarbouillé sommairement et chaussé, il passa sur sa chemise son gilet à manches et prit le chemin de la maison du Pape.

Ce dernier cependant, prévenu, comme on sait, depuis la veille des manigances du Carcan, avait réfléchi lui aussi à l’attitude qu’il devait tenir.

Refuser de discuter était impolitique : c’était le procès brutal et sans délais. Le mieux était de paraître entrer dans les vues de l’adversaire, d’avoir l’air d’hésiter entre les deux solutions proposées, de louvoyer, d’atermoyer le plus possible, tactique très réalisable en présence des bouteilles.

Sait-on jamais de quoi demain sera fait !

Et puis, de même qu’on n’achète pas un cochon dans un sac, on ne signe pas non plus d’avance et on ne paye pas davantage pour un « salé » qui est encore logé gratis dans le bidon de « sa ma-