Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/38

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tu faisais à midi pour le recevoir comme ça quand on te le ramène !

— C’est vrai ! fit Le Mousse, épris de justice.

— Où était-il donc ce sac à vin ? interrogea enfin la Moussotte, chez qui renaissait la curiosité.

— À la ferme du Rondfou, en train de boire !

Car, insoucieux en effet du temps, ivre de vin et de discussions métaphysiques, Le Mousse avait visité une à une toutes les fermes du plateau, traversé le marais du Blue avec une sûreté de primitif livré à son instinct, semé son fusil sans s’en apercevoir pour venir échouer dans cette dernière métairie où Théodule et Julot l’avaient enfin déniché, discutant avec le fermier des systèmes philosophiques de Moïse et de Darwin, tout en buvant des litres et en cassant des noix.

Alors la certitude qu’il était en noce et les pattes au chaud tandis qu’elle se lamentait de sa perte remit La Moussotte dans un bel état de fureur.

Puis, comme Julot racontait à son ami les divers événements qui s’étaient déroulés depuis quelques jours, les inquiétudes que son absence prolongée avait suscitées, les transes par lesquelles eux, les vrais copains, avaient passé, Le Mousse, comprenant les dangers dont il aurait pu être menacé, se mit à pleurer à chaudes larmes sur le sort qu’il aurait pu courir.