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Et pourtant, ledit Prosper Benoît était bien près de voir se réaliser ses plus chers désirs.

Il avait aidé avec tant de diligence Juliette à achever de se déshabiller que celle-ci était maintenant en chemise devant lui et que déjà il la tenait dans ses bras…

Malheureusement, lui-même était toujours en habit, et, tandis que Juliette s’étendait dans le lit, il dut à son tour enlever ses vêtements.

Fernande qui avait collé son œil à la serrure, murmura :

— J’ai encore le temps…

Elle descendit en courant, s’en fut accomplir sans doute quelque mission importante, et revint bientôt reprendre sa faction derrière la porte.

Elle avait mis si peu de temps à descendre et à remonter que lorsque de nouveau, elle regarda ce qui se passait dans la chambre nuptiale, elle revit le directeur qui achevait de se dévêtir.

Un instant plus tard, Prosper Benoît était dans le lit à côté de sa femme,

Oui, il était dans le lit. Autant dire cette fois que la coupe était au bord de ses lèvres et qu’il n’avait plus qu’à porter ladite coupe à sa bouche.

Prosper allait-il, déjouant toutes les embûches, coucher avec sa femme ?

Couché avec… ou du moins à côté de sa femme, il y était.

Il la contemplait, étendue contre lui.

— Ma chérie, dit-il…

Et comme il se penchait vers elle, soudain, la lumière électrique s’éteignit.

Car (avions-nous oublié de le dire ?) la villa de la tante de Prosper était éclairée à l’électricité, détail dont avaient pris bonne note lors de leur visite, quelques jours auparavant, Albert, Robert et Léontine.

La lumière électrique s’éteignit donc.

Ce n’est pas qu’en pareille circonstance la lumière fût nécessaire.

Au contraire, il est des gens qu’elle gêne plutôt. Et le directeur s’en serait fort bien passé pour poursuivre l’entretien qu’il avait à peine ébauché,

Il n’en resta pas moins interloqué :

— Ça, c’est bizarre, dit-il…

— Qu’y a-t-il de bizarre, mon ami ? demanda Juliette.

— Mais la lumière qui s’est éteinte.

— Ce n’est donc pas vous qui avez fait l’obscurité… Je le croyais.

— Non. Ce n’est pas moi…

— Alors, c’est une panne… Ça va revenir peut-être…