Aller au contenu

Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 8 —

— Ah ! c’est donc enfin vrai ! dit-elle pour accompagner son soupir.

— Qu’est-ce qui est vrai ? lui demanda par politesse son voisin de face, le jeune professeur.

— Que je pars, Monsieur, que je quitte ce pays. Figurez-vous…

(— Ah ! mon Dieu ! murmurèrent deux des voyageurs dont moi, cette dame va nous faire sa biographie…)

— Figurez-vous, reprit la dame.

Le monsieur à qui elle s’adressait ne put rien se figurer du tout, car un grand bruit s’étant produit à l’étage supérieur, c’est-à-dire sur l’impériale, la dame se levant brusquement s’élança à la portière.

— Conducteur, surveillez-les donc, ils vont se précipiter ; conducteur !

Mais le conducteur ne bronchait pas, n’entendant point, et la voiture roulait toujours. Le silence se rétablit à peu près au-dessus de nos têtes et la dame un peu calmée se rassit, oubliant qu’elle allait commencer une histoire.

Je profite de cet oubli, momentané, hélas ! pour dire un mot des cinq autres voyageurs.

Avec son plaid écossais, l’Anglais essaie de prévenir les désastreux effets de l’air qui se glisse entre les ais assez bien clos pourtant des vasistas et menace de l’enrhumer.

Remarquons, en passant, qu’il a eu l’art de s’emparer d’un des coins restés libres et qu’il s’y est aussitôt