— Et que voulez-vous qu’il arrive ? aucun danger n’est à redouter dans cette saison-ci.
— Je n’en répondrais pas si sûrement, fit le négociant briançonnais naturalisé parisien, moi qui vous parle, j’ai fait plus de cinquante fois le trajet de Briançon à Grenoble et de Grenoble à Briançon, eh bien ! pas un de ces voyages n’a ressemblé à l’autre. Je n’ai jamais trouvé la montagne semblable à ce qu’elle m’avait paru d’autres fois. Il est vrai que je l’ai traversée en toute saison.
— Mais cette saison-ci, qui est le printemps après tout, malgré les averses, doit être la meilleure pour un voyage de cette sorte, dit le professeur.
— Au contraire, Monsieur, janvier offrirait moins de périls ; mais quand on doit partir, il faut partir et pas plus vous que moi, n’est-ce pas, même au prix de quelques dangers, nous n’aurions retardé notre voyage d’un jour ; vous, à cause des vacances ; moi, à cause des affaires…
— Il y aurait du danger ? dit la dame qui avait écouté tout ceci d’un air assez anxieux. Oh ! mon Dieu ! et les petits ! car je ne crains rien pour moi ; je suis trop heureuse de partir. Figurez-vous, Monsieur…
( — Nous n’en serons pas quittes, pensèrent les voyageurs, voilà la biographie.)
En effet, c’était la biographie.
Bon gré, mal gré, il fallut prêter l’oreille.
— Je ne connais pas du tout cette route, commença