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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/14

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la dame, je suis venue de Grenoble par Gap ; il y a de cela pas mal de temps. Le ministre de la guerre avait envoyé à Gap le 30e bataillon de chasseurs ; ce n’était déjà pas le paradis terrestre ; mais, enfin, on avait un préfet, des bals, un peu de société. Nous y passons un an. Au bout de ce temps, mon mari me dit :

« — Tu ne sais pas, chérie, nous changeons de garnison.

« — Ah ! tant mieux, que je dis, et comme j’avais toujours eu envie d’aller dans le Midi, je demande à mon mari :

« — C’est dans le Midi que nous allons ?

« — II me répond, d’un air embarrassé, oui, à peu près, pas tout à fait, c’est-à-dire qu’on nous envoie à Embrun.

« — Je poussai une exclamation ; mais il n’y avait rien à répliquer ; c’était l’ordre du ministre. Nous passons dix-huit mois à Embrun. Un beau matin, mon mari vient m’annoncer que nous partons. Je saute de joie, car enfin, dix-huit mois d’Embrun, c’était suffisant.

« — Ah ! fis-je, en commençant mes paquets, cette fois, nous allons dans le Midi.

« — Pas tout à fait, me répond mon mari, nous sommes envoyés à Mont-Dauphin.

« Ce ne fut plus un soupir que je poussai, mais un rugissement ; car enfin, Embrun, qui m’avait tant déplu, c’était pourtant une ville.