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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/15

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« — À Mont-Dauphin !

« — Eh ! oui, ma chérie, c’est l’ordre, allons-y gaiement !

« Que vous dirai-je, Monsieur ! de Mont-Dauphin, où la garnison sert de prétexte à un village, nous allâmes au Château-Queyras, où il n’y a pour ainsi dire pas de village et où j’eus le temps, car je crois qu’on nous y oublia, de broder tout un meuble de salon en tapisserie au petit point ; mon mari a fait le fond, bien entendu.

« De Château-Queyras, nous vînmes à Briançon ; mon mari percha pendant presque tout le temps au fort des Têtes. J’imagine que si on avait pu nous expédier dans la lune, nous y aurions porté le drapeau du 30e chasseurs. Enfin, après deux ans de Briançon, deux ans, Monsieur ! arrive l’ordre du départ. Je rêve du Midi. Nous sommes envoyés sur la frontière belge. C'est fini des Hautes-Alpes, mais nous arriverons à l’heure de notre retraite sans seulement avoir vu la mer. Et pourtant, si j’ai épousé un militaire, moi fille d’un riche commerçant de la rue Saint-Denis, moi une Parisienne, c’est que j’adore les voyages, que je comptais aller en Afrique, à Marseille, n’importe où, excepté dans ces garnisons perdues au sommet des montagnes ! Ah ! mes beaux rêves de jeune fille ! »

Tout à coup, la diligence s’arrêta.

— Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce qui arrive ?

Des chevaux qu’on amenait, des maisons de chaque