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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/17

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— Les forts ! Briançon ! Ah ! merci ! J’en ai par-dessus la tête.

Pendant ce temps, la voiture, entraînée par six vigoureux chevaux, s’était remise en route.

— Vous disiez donc, Monsieur, fit le professeur au négociant, que vous aviez déjà parcouru cette route un très-grand nombre de lois ?

— Oui, Monsieur, sans compter que j’ai été obligé souvent, à cause de l’état de la montagne, d’aller prendre le chemin de fer italien à Oulx. Quand je n’étais pas pressé, c’était drôle ; mais quand j’étais pressé, ça ne m’amusait pas, mais pas du tout.

« Une fois, nous avions quitté Briançon bien tranquilles ; on nous avait donné les meilleurs renseignements sur le Lautaret, et, de fait, nous arrivons à l’hospice du col sans avoir rencontré autre chose que de gros tas de neige soigneusement écartés et rangés sur le bord de la route par les cantonniers. Au col, ce n’est plus ça. Les nouvelles de l’autre côté de la montagne sont mauvaises, si mauvaises que la diligence de Grenoble est en détresse à La Grave et qu'il nous est interdit, sous peine des plus graves dangers, de continuer notre route. La tourmente règne, une rafale effroyable souffle ; les perches qui servent à indiquer la route et à guider le piéton ont disparu sous l’entassement des neiges ; il faut attendre.

« Dans les premiers moments, on s’imagine que ce n’est que l’affaire de quelques heures et, si pressé que l’on soit, on plaisante, à cause de la nouveauté de la