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Ils tirèrent la courte bûche,
Pour savoir qui (ter) serait mangé.

« Mes compagnons riaient jaune. Cependant, pour passer le temps, puisque nous ne pouvions sortir, nous organisâmes des jeux : cartes, lotos, dominos, jeux de patience, tout y passa, puis tout nous lassa.

« Nous improvisâmes une charade. Le mot était Lautaret. L’orthographe brillait par son absence : mon premier était Le haut, c’est-à-dire la montagne, mon second t’arrête ; ce qui était de circonstance ; c’était absurde, c’était insensé, c’était ruisselant de bêtise ; personne ne devina ; mais le temps passa ; c’était l’essentiel.

« À chaque instant, l’un de nous allait regarder l’état du ciel, celui de l’atmosphère ; rien n’était moins rassurant que cette contemplation. L’heure du dîner approchait, rien ne chauffait à la cuisine. Cela commençait à devenir inquiétant.

« J’avais remarqué plusieurs colloques très-animés entre un des voyageurs du coupé et notre hôtesse ; je voulus savoir s’il n’y avait pas sous roche un marché auquel nous pourrions participer et je devins attentif. Ce voyageur était un guide savoyard retour du mont Viso, où il venait d’accompagner, pour une ascension d’hiver admirablement réussie, la célèbre miss Georgina Templeton.

« Miss Templeton faisait également partie de notre troupe, mais depuis notre arrivée au Lautaret, elle se tenait renfermée dans la chambre qu’elle s’était