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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/30

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voilà quatre ans que le chien-messager du gardien du col Agnel a pu faire son service sans être mangé.

— Tout de même, il faut convenir que vos chevaux marchent rudement bien ; à peine pouvons-nous leur tenir pied, fit Genevois.

— Oui, ils valent mieux que ceux de l’année dernière ; mais aussi je sais ce qu’ils me coûtent.

— Pas moins, ceux de l’année dernière, vos petits biquets, étaient bien drôles et vous aviez trouvé un bon truc pour les faire aller.

— Ah ! vous vous souvenez ? fit le conducteur en riant.

— Si je me souviens ! À chaque montée, vous descendiez de votre siège, vous ouvriez toutes les portières et vous criiez à tue-tête :

— À pied, messieurs et dames, à pied, mes chevaux traînent leur voiture, c’est bien assez ! Malgré cela, vous faisiez signe aux voyageurs de ne pas quitter leurs places, vous refermiez avec fracas les portières, et la voiture roulait plus fort.

— Ça c’était pour contenter les chevaux. Quand ils pensaient n’avoir plus que leur diligence à traîner, ils y allaient de tout cœur et de tout collier. Faut connaître son monde. Avec douze ou quinze personnes, ils n’auraient jamais voulu aller aux montées.

— Pendant que j’y pense, reprit le conducteur, donnez-moi donc des nouvelles de Nicolet le Provençal. Voilà bien longtemps que je ne l’ai vu.

— Il est mort, le pauvre diable !