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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/32

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chasse comme pour la guerre et l’amour, toujours en avant ! Parti pour chasser le bouquetin dans les vallées cédées, il s’était trouvé poursuivant le chamois sur les terres du voisin. Reconnaissant sa distraction, il se dépêchait à rentrer dans son royaume avant qu’on s’aperçût de son absence.

— Tout n’est pas rose dans le métier des rois, fit le maquignon. Ils ont de beaux appointements, mais c’est tout. Ne pouvoir pas même se promener et chasser où bon vous semble, ce n’est pas amusant. Mais comment l’aviez-vous reconnu ?

— Ce n’était pas la première fois que je le prenais sur la route ; aussi il avait grande confiance en moi ; il savait que je ne le trahirais pas. Puis, je l’avais vu à Turin ; mieux que ça, j’avais souvent dévisagé son portrait sur les pièces d’or qu’il me donnait pour payer sa place. Je ne sais pas si c’est un bon roi, mais c’est un bon enfant.

On était arrivé au sommet de la côte. Le conducteur et Genevois reprirent leur place sur le devant de la diligence et la voiture recommença à rouler comme entraînée dans un tourbillon.

Elle avait à peine fait cent mètres de cette nouvelle allure qu’une explosion qui nous parut formidable et nous fit tressauter se produisit. Puis il nous sembla que nous traversions un cours d’eau. Nos pieds clapotaient sur le tapis de sparterie sur lequel ils posaient.

J’ai dit que la nuit était tout à fait venue.