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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/33

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L’Anglais se leva et frappa violemment à la vitre.

— Conducteur, arrêtez ! Il y a ici un voyageur qui se permet d’avoir des armes chargées. C’est défendu par les règlements. Conducteur, je ferai dresser procès-verbal !…

La dame n’avait pu rester impassible-devant tant d'émoi. De son côté elle criait :

— Conducteur, faites donc attention, vous allez nous noyer. Ah ! mon Dieu ! J’ai de l’eau jusqu’à la cheville ; elle monte, elle monte ! la neige ! les avalanches ! les loups ! le déluge ! C’est trop d’émotions ! J’en ferai une maladie, maudite route !

Vous voulez probablement l’explication de cette alerte nouvelle qui occasionnait une tempête à propos de deux bouteilles d’eau.

La voici :

Au moment de quitter Briançon, le numéro six avait pris à part l’automédon qu’il voyait tout particulièrement disposé à lui être agréable et il lui avait dit :

— Conducteur, lorsque nous passerons au Monêtier, faites-moi donc le plaisir de me procurer deux bouteilles d’eau thermale, une de la source de la Rotonde, une de la source de Fontchaude. Vous les placerez quelque part afin que je les trouve en arrivant à Grenoble. C'est une manie à moi de collectionner toutes les eaux minérales de notre pays. Celles du Monêtier me manquent encore ; je compte sur vous…

Pendant le temps employé à changer l’attelage, le