Aller au contenu

Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 31 —

conducteur avait envoyé un gamin à Fontchaude et à la Rotonde, puis les deux bouteilles soigneusement bouchées, il les avait placées sous une des banquettes de l’intérieur, sans prévenir personne.

Or, l’eau minérale du Monêtier possède 40 à 45° de thermalité ; elle avait été mise en bouteilles, bouillant encore de sa chaleur naturelle…

On sait le reste.

Les deux litres d’eau eurent vite fait de se créer une issue à travers les fissures du plancher de la diligence ; le clapotement cessa ; tout rentra à peu près dans l’ordre. Le numéro six, qui avait deviné le pourquoi et le parce que de l’aventure, faisait tous ses efforts pour arrêter le rire fou qui venait de s’emparer de lui ; la dame n’avait pas évoqué l’image des deux petits ; le conducteur ne s’était pas ému au double appel de l’Anglais et le la dame. Les autres voyageurs renonçaient philosophiquement à connaître la cause de ces derniers accidents. La diligence commençait à leur paraître la boîte à surprises de Robert Houdin.

Le numéro cinq — le substitut — n’avait rien dit encore qui le fît voir comme s’intéressant à tout ce petit remue-ménage. Quand l’émotion causée par l’explosion des bouteilles, la perte de leur contenu, fut apaisée, il prit la parole.

— Nous avons eu depuis notre départ pas mal de sujets d’émotion, dit-il en riant ; mais que diriez-vous, vous surtout, Madame, si dans des endroits sauvages