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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/35

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comme ceux que nous traversons, nous venions à être subitement arrêtés par une bande de…

— De voleurs, acheva le petit professeur. Oh ! ces choses-là n’arrivent plus qu’en Espagne.

— D’ailleurs, appuya le négociant, depuis Balthazard Caire, le fameux contrebandier, on ne voit plus de troupes armées dans ces parages.

— Est-ce que Caire arrêtait les diligences ? demanda la dame avec inquiétude.

— Il ne s’abaissait pas à cela, Madame. Contrebandier peut-être, voleur jamais ! C’était un honnête homme et non un chef de brigands. Madame Clémence Lalire a très-gentiment raconté, dans une Nouvelle aujourd’hui oubliée, comment ce fils d’un horloger briançonnais alimentait par la contrebande la boutique paternelle, avec quelle adresse il procédait, et comment il eut le talent, mis au défi par un capitaine de douanes de renouveler ses exploits, de faire du capitaine lui-même son auxiliaire inconscient. Alexandre Dumas s’est emparé de l’aventure et l’a fait se passer en Suisse, mais la vérité est plus jolie que son imagination. Ce coup d’audace de Caire est réellement prodigieux. Caire, d’ailleurs, était un excellent patriote. Lorsqu’éclata la Révolution, quand l’ennemi menaça le territoire de la République, nos défilés des Alpes restèrent sous la seule défense des montagnards ; le contrebandier organisa un bataillon de chasseurs alpins, dans lequel accourut s’incorporer tout ce qui, dans le Briançonnais, savait et pouvait tenir un fusil ;