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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/36

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Caire en prit le commandement, et telle était sa réputation de bravoure et d’audace en deçà et au delà des monts, qu’il fit plus pour la conservation de ce coin des Alpes qu’un et même peut-être plusieurs régiments.

« À la tête de ce corps d’élite, et qui devint le corps des guides, noyau de la vieille garde, Caire, en 1795, prit le fort de Mirabouc, près du mont Viso, ainsi que Villanova et s’avança jusqu’au Villard de Bobio.

« Il devint colonel, fut commandant d’armes à Péronne. En 1815, il commandait au fort Barraux qu’il préserva de la destruction. En 1816, il se retira à Grenoble, où il mourut le 1er mai 1843, âgé de quatre-vingt-dix ans, dans les bras de Madame Connerade, sa nièce, qui habite encore actuellement cette ville. Balthazard Caire était le frère de Caire-Morand, fondateur de la manufacture de cristal de roche de Sainte-Catherine-sous-Briançon. »

— Voilà toute une biographie en quelques mots, dit le professeur, ce qui n’empêche pas que, à part de ceux qui ont souci des chroniques locales, le nom du contrebandier-héros ne soit à peu près oublié.

— Quant à dire qu’on n’arrête plus les voyageurs sur cette route, c’est une autre affaire, reprit le substitut qui avait son histoire à placer et qui ne voulait pas nous en faire grâce.

— Comment, Monsieur, fit le négociant absolument incrédule, vous croyez encore à Shinderhanne, à Fra Diavolo et autres bonshommes de la même farine ? Vous en avez vu ?