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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/9

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prendre ; c’était un ambitieux, un cumulard, qui, non content de faire épeler rosa, la rose, aux gamins des classes de septième et huitième réunies, faisait encore aux grands de l’établissement universitaire un cours de botanique, un cours de législation usuelle, et, pour achever de charmer ses loisirs accompagnait parfois le jeudi une Étude à la promenade, et, une semaine non l’autre, faisait la surveillance du dortoir.

Une vie passablement remplie pour un adolescent récemment pourvu de son diplôme de bachelier. Aussi l’ennui n’avait-il point trouvé de fissure pour se glisser dans cette existence et les mois s’étaient écoulés rapides depuis la rentrée.

Il allait dans sa famille, à Grenoble, passer deux semaines de vacances.

Le numéro deux, négociant parisien originaire du Briançonnais, est le type de l’homme heureux à qui fortune, famille, santé, tout a réussi. À force de bonheur et de bons repas, il marche à pas placides vers une précoce obésité.

Le troisième habitant de la banquette est un touriste anglais ayant tenté sans y réussir l’ascension hivernale de plusieurs pics importants. Mécontent de tout, maugréant contre tout, surtout contre l’administration, qui ne lui a pas donné la place convoitée, se plaignant de la gêne, des courants d’air, etc.

Quant à la banquette de face, elle est occupée par un jeune substitut changeant avec bonheur de résidence ; par un voyageur qui ne comptera dans ce