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l’entrée de la rue du Palais, cela ne nous détournera pas. Tiens, justement, voilà son mari qui ouvre la boutique.

— Bonjour, cousin Beissière, dit Franquetta, l’aînée des deux sœurs, à un homme d’âge moyen, costumé en bon bourgeois, qui enlevait les auvents d’une boutique située à droite en entrant sous la voûte du palais de justice ; derrière les petits carreaux plombés de la devanture se voyaient deux rangées d’in-folios reliés en basane, ou d’in-octavos plus richement habillés. Cette exposition révélait la profession de l’homme qui, sans le secours du moindre commis, procédait à l’ouverture du magasin. Ce magasin était occupé par la bibliothèque d’un libraire.

— Quel bon vent vous amène si matin, cousines ? dirais-je, s’il ne faisait une aussi vilaine bise. Veniez vous voir Marie ? Elle est partie comme six heures sonnaient à l’horloge de Saint-André, pour aller voir la femme de Jacques, qui est accouchée de cette nuit, dit maître Beissière aux deux sœurs. Vous savez, son futur filleul est un garçon. Marie est bien contente. Entrez donc, il ne fait pas bon rester dehors par cette froidure.

— Merci, cousin, nous allons de ce pas chez Jacques, et puisque la cousine y est, notre visite fera coup double ; nous venions justement la prendre pour aller ensemble visiter Dorothée. Au revoir ! nous embrasserons le futur filleul de Marie pour vous.

— Alors, faites-le deux fois, car je l’aime déjà. Il n’a pas trop bien choisi son moment pour venir au monde, l’enfant ; mais ces misères ne peuvent pas toujours durer. Au revoir !

— Les deux sœurs, pour regagner le temps perdu