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II.

Presque à l’entrée du Royannais, sur un roc avancé qui plonge sa base dans l’Isère, à cet endroit profonde, étroite, rapide, dangereuse, un amas de tours jeté sur un amas de roches formait un ensemble simple, primitif, mais redoutable, dont il est assez difficile de se faire une idée en voyant ce qui constitue aujourd’hui le château moderne de la Sône. Campé dans une attitude menaçante au milieu d’une solitude absolue, habité par quelque haut baron qui, de là, rançonnait hardiment tout alentour, il inspirait même à ceux qui n’avaient rien à perdre, la crainte et l’admiration respectueuses que ressent toujours le vulgaire pour ce qui est fort.

Bâti bien avant l’an mile par un compagnon et ami du roi Boson, qui profita de l’occasion pour s’emparer de l’église du lieu, le château de la Sône, gardait fidèlement, envers et contre tous, le passage de la rivière qu’un pont en pierres traversait là.

La certitude qu’il était imprenable et que sa possession ferait nécessairement de son maître un vainqueur, fit que, dès le commencement des guerres de religion, sa perte fut décidée par le plus doux et le plus magnanime des guerriers, de Gordes. Le démantèlement s’en opéra donc avec art, avec méthode