Page:Louise drevet - Dauphiné bon coeur, 1876.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —

Malheureusement elle se lassa de ces plaisirs un peu monotones. Elle se renferma tout un mois dans sa dignité un peu farouche et dans la solitude altière du vieux castel, parce que quelques personnes du bourg, invitées par la femme du manufacturier, étaient venues, sans trop de façons, manger des crêpes et causer pendant une heure ou deux, des choses du temps, sans paraître s’occuper d’elle outre mesure.

Mademoiselle Yolande daignait quelquefois descendre au village. Dans le cours de ces promenades qu’elle faisait avec Catherinetle pour toute escorte, chacun la saluait bien respectueusement, moins en raison de son haut rang que tous ne soupçonnaient pas, que parce que c’était une orpheline, une enfant, et qu’elle paraissait montrer beaucoup de courage dans son malheur. Le dimanche, elle assistait aux offices dans l’église du village. Elle prenait place au banc d’honneur, uniquement attribué dans ce temps-là à la famille du manufacturier. Ce banc était adossé à un des piliers soutenant la travée droite de l’édifice ; tout en face se trouvait placé un tableau, oh ! mais un tableau vraiment étrange, et comme sujet, et comme exécution, et qui causa plus d’une distraction à Mademoiselle Yolande. Du reste, ce tableau, œuvre d’un maître inconnu, existe encore dans l’église de la Sône, où chacun des lecteurs de ceci peut le voir. Seulement il est relégué comme un objet d’une valeur méconnue, dans le fond obscur d’une chapelle, et il faut faire des efforts de vision pour comprendre la scène qu’il représente.

Je conviens même qu’on ne la comprend pas du tout, si l’on n’a pas eu d'initiation préalable.

Cette scène, ou plutôt ces trois scènes, ― car c’est