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tout un drame que nous offre cette peinture chaude, vive, animée, où le génie d’un artiste italien du seizième siècle a évidemment mis son empreinte, ― nous montrent d’abord un prisonnier plongé dans les bas fonds d’une tour. Il désespère. Tout-à-coup l’idée lui vient d’implorer la Vierge, et, pour voir briser ses fers, de solliciter son intervention moyennant un vœu. Ce vœu est celui de rebâtir le pont et de construire sur une des rives de l'Isère, un oratoire dédié à la Mère de Dieu, à qui pourront recourir les mariniers en péril. À peine a-t-il prononcé les paroles qui l’engagent, que ses gardiens s’endorment d’un sommeil lourd comme la mort, la porte de son cachot s’ouvre, et le voilà rendu à la liberté.

Cette toile exquise, est elle-même, paraît-il, un ex-voto de la délivrance miraculeuse. L’artiste qui retraça avec son pinceau les faits de cette délivrance, dut, pour se faire comprendre, diviser son action en trois parties.

L’une représente le prisonnier dans son cachot. L’in-pace où nous le voyons enfermé, ne serait autre que l’intérieur d’une des piles du pont existant alors sur la Sône, et que l’industrieuse férocité du baron aurait fait convertir en prison. Nul moyen de sortir de ce tombeau. Mais le prisonnier a recours à la prière.

La seconde partie fait voir les gardes endormis et la porte ouverte. Mon Dieu ! que ces geôliers dorment bien ! Mais, gare au réveil ! nous ne répondons pas de leur tête.

Enfin, le troisième fragment de la peinture nous montre le prisonnier franchissant en toute hâte le préau de la prison. Il est dehors, il est libre. Ah ! il n’oubliera pas d’accomplir son vœu.