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grand air il avait, et comme il portait bien son habit et sa culotte courte en velours noir, ses longs bas de soie rouge et sa veste de drap de soie broché !

Un peu distrait pourtant, le bon marquis Jacques, trop distrait même, puisque après avoir cordialement embrassé les deux fils du manufacturier, serré la main de celui-ci et salué respectueusement et chevaleresquement tout à la fois Madame la manufacturière, il n’accorda qu’un sourire poli à Mademoiselle Yolande, oubliant même de demander si cette jolie personne était de la maison, ce qu’elle faisait là, et enfin d’improviser un petit compliment pour tant de grâces enfouies dans un tel désert. Peut-être la connaissait-il mieux qu’il ne voulait le laisser voir.

― Mes enfants me suivent, annonça-t-il seulement au manufacturier, je me ferai un plaisir de vous les présenter ; Où me logerez-vous ? Pourrai-je les avoir près de moi ? Vous savez que nous sommes inséparables. J’ai eu l’honneur dernièrement de les mener chez Madame la Dauphine qui en a été ravie et m’a prié de les lui laisser pendant tout un jour.

― Ils logeront au château avec vous, mon illustre ami ; il vous faut la tranquillité, le silence et l’espace ; il y a là-haut tout cela. Mieux encore, vous y aurez pour voisine une petite fée, la seule habitante de ce grand manoir solitaire, Mademoiselle Yolande de Maisonblanche, la fille de notre regretté ami le comte de Maisonblanche.

— Ah ! ah ! ah ! se contenta de dire le marquis Jacques, en nuançant seulement d’une intonation différente chacun de ces trois ah !

C’en était trop ! cette indifférence à l’endroit de ses