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était généreuse, comme vous le voyez, Mademoiselle Yolande. Le manufacturier lui sut un gré infini de sa bonne grâce, quoiqu’il eût suivi sans en perdre un détail, les phases de la lutte qui s’était établie dans l’esprit de Mademoiselle Yolande, pendant sa première entrevue avec le marquis Jacques.

Avant même de se mettre à table, le marquis Jacques voulut faire choix de son logement. Il visita successivement toutes les chambres du château, sans dire ce qu’il pensait de leur orientation et de leur ameublement, et, quand il eut tout vu et noté dans sa prodigieuse mémoire chaque détail favorable ou défavorable, il se décida pour une grande pièce insuffisamment meublée, mais de dimensions superbes, située au premier étage, sur le même plan que la chapelle ; il demanda qu’on plaçât dans un cabinet attenant à cette chambre un lit pour son domestique, le vieux et fidèle Saint-Jean. Il pria qu’on lui laissât la libre disposition d’une grande galerie qui prenait jour sur la première cour intérieure ; puis, satisfait de son examen, et sans avoir approché des domaines réservés à Mademoiselle Yolande, il redescendit à la manufacture.

Le manufacturier laissait le marquis Jacques tout arranger à sa guise. Jamais on ne vit un ami entourer son ami de tant de respect, d’égards, de sollicitude, d’attentions. Évidemment, pour le manufacturier et pour la manufacturière elle-même, le marquis Jacques n’était pas un ami ordinaire.

Et Mademoiselle Yolande était obligée de convenir, quoique elle eût fort peu l’habitude d’observer, qu’il y avait quelque chose d’inexpliqué dans le regard profond, dans le plissement des traits et jusque