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Mes lecteurs ne me croiraient point si je leur disais que Mademoiselle Yolande n’était pas curieuse, et ils auraient raison. C’est même cette curiosité qui la poussait à sortir parfois de son isolement orgueilleux, de se mêler à la vie de ces gens que, dans les premiers temps, elle avait cru d’une espèce sinon inférieure, du moins bien moins parfaite que la sienne.

Le marquis Jacques était depuis huit jours au château et rien de particulier ne s’était passé. Pourtant, Mademoiselle Yolande ne désespérait pas ; si elle avait voulu écouter les bavardages de Catherinette, elle aurait appris du nouveau, mais la conversation de Catherinette l’intéressait moins que le bruit de la pluie, appelé à si bon droit monotone.

Une nuit que, par hasard, le sommeil ne voulait pas clore ses paupières, Mademoiselle Yolande fut toute surprise de voir une lueur d’abord faible, puis peu à peu grandissante, se refléter sur le plafond de sa chambre. Ce n’était pas la clarté de sa veilleuse qui produisait cette lueur ; la veilleuse était bien trop emprisonnée dans son enveloppe de porcelaine, et la lumière qu’elle donnait était bien trop douce et trop égale ; Catherinette était si étourdie ! Aurait-elle mis le feu ? Une inquiétude bien justifiée s’empara de Mademoiselle Yolande. Elle appela ; Catherinette dormait si fort qu’elle n’entendit pas. Alors, elle agita le timbre destiné à réveiller sa suivante. Un coup de tonnerre n’aurait probablement pas réussi, cette nuit-là, à rompre le sommeil de la dormeuse, car rien ne remua dans le petit cabinet qui lui servait de chambre. Mademoiselle Yolande disposait bien encore d’une ressource ; c’était une sonnette correspondant avec la