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— À propos, fit Mademoiselle Yolande en se mirant dans la psyché qu’elle tenait à la main, tandis que Catherinette disposait d’une main point trop maladroite l’édifice laborieux de sa coiffure ; à propos, mademoiselle, où donc étiez-vous cette nuit lorsque je vous ai sonnée, mais sonnée si fort que mon bras en est encore engourdi ?

— Dans mon lit, avec votre permission, mademoiselle.

— Dans votre lit ! vous voulez me le faire accroire… Allons, taisez-vous ! vous allez faire un mensonge ou commettre une impertinence,

Catherinette se le tint pour dit ; mais, in petto, se demanda sur quelle herbe mademoiselle la comtesse avait marché de si bon matin.

L’heure du déjeuner ayant sonné, Yolande voulut aller prendre son repas à la manufacture, dans l’espoir d’apprendre, par la conversation qui serait tenue pendant ce temps, quelques renseignements sur les événements de la nuit. Chose incroyable ! tout le repas s’écoula sans que le marquis Jacques, qui était présent cependant, et paraissait mieux disposé que d’ordinaire, touchât un mot ayant trait à ce qui intéressait tant la jeune demoiselle.

Encore sous le coup des impressions défavorables pour le marquis que lui avait laissées son dernier rêve, Yolande ne pouvait se défendre d’un sentiment de mésestime à l’endroit de ce personnage dont les allures tenaient de l’énigme, dont le nom même demeurait un mystère ; qui, comblé d’égard par tous, persistait à rester inexplicable pour chacun. C’est alors que, bienveillamment questionnée par la femme du manufacturier sur la manière dont elle avait