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VIII.

Or, voici que sans avoir l’air de rien, mademoiselle Yolande qui ne pouvait se persuader qu’elle avait rêvé, et en était tout doucement venue à croire que tout le monde s’entendait pour la laisser dans l’ignorance, mademoiselle Yolande, dis-je, reprit toute pensive le chemin du château, au lieu d’aller se promener dans la campagne à l’aventure, ainsi qu’elle le faisait après chaque repas ; non point pour accélérer la digestion, mais parce qu’elle ne savait comment tuer le temps. Parvenue dans la cour intérieure, elle examina longuement cette façade grise, qui, la veille, lui avait paru toute illuminée des feux d’une fête, et maintenant semblait grave, recueillie, austère comme le visage d’une personne qui a souffert, et non comme un front éclairé par la gaîté. Mademoiselle Yolande ne savait point trop analyser ses impressions, n’ayant jamais eu l’habitude de le faire ; néanmoins, elle sentit qu’il se passait dans le vieux château quelque chose d’incompréhensible et dont elle ne trouverait pas toute seule l’explication.

Elle se souvenait du regard machiavélique dont l’avait couverte le marquis Jacques, lorsqu’elle s’était laissé aller, en petite fille, à raconter son rêve ; et elle s’en voulait d’avoir donné prise sur elle à cet