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esprit qu’elle supposait animé d’intentions décidément très hostiles à son égard.

— Je veux savoir ! se dit-elle tout à coup.

Et, se dirigeant vers la porte principale, qui n’était pas celle accédant à son appartement privé, elle entra dans le corps de logis où le marquis Jacques avait établi sa demeure et dont la galerie des fêtes occupait la meilleure part. Le marquis Jacques était resté à la manufacture ; son unique domestique était en course au bourg ; mademoiselle Yolande pouvait donc parcourir librement cette partie du château dont elle avait jusqu’alors dédaigné de s’occuper. Grâce à la connaissance qu’elle avait prise des lieux, en les regardant par sa fenêtre, elle s’orienta parfaitement dans les vastes corridors, et arriva sans encombre à la galerie.

Je dois avouer que devant la porte de cette galerie, son cœur se mit à danser une sorte de petite sarabande qui l’étonna fort elle-même. Elle se raidit contre cette émotion involontaire, et, d’une main qu’elle s’efforçait de rendre sûre, tourna le bouton ciselé.

Vraiment, il n’y avait pas de quoi trembler ; il n’y avait pas même assez de quoi trembler, mademoiselle Yolande le reconnut bien vite, car la salle était à peu près vide, sauf de grandes caisses poussées dans les coins. Ces caisses, mademoiselle Yolande les avait vues arriver quelques jours auparavant ; elles contenaient tout uniment les bagages du marquis Jacques.

Mais point de lustres créant un jour éblouissant avec leurs mille bougies ; plus de girandoles ; point surtout de trace de ce désordre qui, dans les maisons les plus sévèrement tenues suit toujours une nuit de fête. Qu’étaient devenus ces valets respectueux et atten-