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tifs ? Pas un tout à l’heure ne s’était offert pour faciliter à mademoiselle Yolande son voyage d’exploration à travers le château désert. Tout s’était évanoui comme dans ces contes où mademoiselle Yolande avait puisé à peu près les seules notions de littérature et les seules connaissances du monde qu’elle possédât.

Pourtant il lui semblait respirer ce parfum pénétrant d’essences variées émanant des femmes en toilette.

Elle avait donc vraiment rêvé ? Un peu de peur prit mademoiselle Yolande au milieu de ce silence. Elle aurait volontiers donné quelque chose pour entendre un bruit, ne fût-ce que celui de la voix de Catherinette. Comme si l’esprit invisible qui paraissait habiter en l’absence du marquis Jacques ces appartements silencieux, eût entendu sa pensée, un son mélodieux s’éleva, et une musique douce comme la voix humaine se fit entendre. Elle écouta, et, dirigée par le bruit, s’avança à tous petits pas, vers une fenêtre devant laquelle s’abattaient, tamisant le jour, de grands rideaux de soie et là, dans l’embrasure profonde, elle vit… Non ! elle n’avait point rêvé, puisque un des personnages de la féerie existait, puisqu’il était là, et qu’elle reconnaissait en lui un des musiciens de l’orchestre.

Le joueur de flûte, tout à l’exécution du morceau dont la musique écrite était sous ses yeux, ne fut point distrait par cette petite main blanche soulevant indiscrètement le rideau derrière lequel il était venu chercher une solitude bien complète ; au grand étonnement, et aussi à la grande satisfaction de mademoiselle Yolande, qui n’aurait pas voulu être surprise en flagrant délit de curiosité, il ne détourna pas les