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tile plus dangereux, malgré sa petitesse, qu’un constrictor ou qu’un serpent à sonnette ; mais celui-ci, très-différent en cela de ceux de l’espèce qu’il représente, n’a jamais été en état de nuire. Tout au plus peut-il inspirer de la répulsion à une délicate demoiselle. Il doit appartenir au marquis Jacques. Je l’emporte pour le lui rendre ; car, certainement, notre savant ami serait très-inquiet de sa disparition.

Disant ceci, Victor-Louis mit l’aspic dans sa poche.

Yolande, entendant prononcer en cette circonstance le nom du marquis Jacques, ne put s’empêcher de faire la remarque qu’elle était déjà redevable à ce personnage énigmatique de plus d’une surprise désagréable, et son antipathie pour lui s’en accrût.

Elle aurait bien voulu confier à Victor-Louis ce qui venait de lui arriver pour avoir voulu pénétrer dans les appartements privés du marquis ; mais, comme sa conscience l’avertissait qu’elle avait mal agi en essayant de connaître un mystère qu’on ne voulait pas lui dévoiler, et qu’elle était trop fière pour consentir à descendre dans l’estime de personne, elle ne parla pas.

– Je ne me trompais point, s’exclama tout à coup Victor-Louis ; notre ami est venu se reposer ici tout à l’heure, en voici la preuve. Ce livre est à lui, je le reconnais.

Ce disant, Victor-Louis ramassait un volume in-octavo, relié en peau de chagrin, et qui paraissait avoir glissé du banc sur l’herbe ; il en lut tout haut le titre :

« Du naturel et profict admirable du meurier qui, en l’ouvrage de son bois, feuillages et racines,