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surpasse toutes sortes d’arbres, que les François n’ont encore sçu connoître ; avec la perfection de les semer et élever ce qui manque aux mémoires de tous ceux qui ont écrit. Par B.D.L. F. Paris, 1604 »[1].

– Notre illustre ami a promis à mon père de lui prêter cet ouvrage si rare et qui contient tant de renseignements précieux. Je l’emporte avec l’aspic ; ce serait un véritable malheur si ce livre venait à s’égarer.

– Les histoires qu’il contient sont donc bien amusantes ? questionna Yolande.

– Amusantes ! ce n’est peut-être pas là leur principal mérite. Cependant, j’avoue qu’en les lisant, je ne m’endormirais pas, tant elles m’instruiraient. Mais, demoiselle, ne descendrez-vous pas un peu à la manufacture ?

– Qu’irais-je y faire ? tout le monde travaille et

  1. Ces initiales désignent Barthélemy de Laffemas.

    Barthélemy de Laffemas, valet de chambre de Henri IV, né à Beausemblant (Drôme) en 1543, mort en 1623, plus encore qu’Ollivier de Serres, fut, en France, le vrai propagateur de l’industrie séricicole. Sous sa direction, des mûriers avaient été plantés dans le jardin des Tuileries ; en 1596, et par les ordres du roi, on établit des magnaneries dans tous les domaines de la couronne ; une déclaration royale de 1605 ordonnait qu’une pépinière de mûriers serait établie dans chaque chef-lieu de diocèce. Sur la proposition de Laffemas, le roi fonda à Paris, place Royale, une manufacture d’étoffes de soie et de brocards, qui prit le nom de Bâtiment des Manufactures. La même année eut lieu la création des Gobelins qui, auparavant, n’était qu’une fabrique de tapisseries. On oublie trop la part prise par le dauphinois Laffemas à la diffusion de cette riche industrie de la soie à laquelle la France est redevable d’une partie de sa prospérité.