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personne ne peut causer avec moi. C’est fort ennuyeux. Si, seulement, vous, Victor-Louis, n’étiez pas si occupé…

— Ce sont justement ces occupations si nombreuses, mais aussi si variées, qui m’empêchent de connaître l’ennui. Ah ! demoiselle, si vous vouliez vous intéresser un peu à ce qui se passe dans notre manufacture, comme tous nos travaux nous sembleraient plus gais et aussi plus attrayants ?

J’ouvre ici une parenthèse.

Pas une de mes lectrices, assurément, n’écoute parler Victor-Louis sans être tentée de lui dire :

« — Pauvre garçon ! Puisque tu as commis la sottise de laisser prendre ton cœur par cette jolie poupée blonde, que ne lui dis-tu que tu l’aimes, au lieu de perdre ton temps à lui vanter les charmes du travail, les saintes délices du devoir. La langue que tu parles, elle ne la comprend pas. Vois-tu, l’occasion est unique. Ne te laisse pas devancer par ton rival, par ce bel inconnu vers lequel son cœur est attiré. Victor-Louis, ne sois pas si naïf ! Ton idole, est près de t’échapper… »

Mais la simplicité de Victor-Louis dépasse toutes les bornes. Il n’ose point parler de lui, et l’occasion s’envole.

La journée s’acheva, sans aucun incident digne d’être noté, comme les journées précédentes. Comme les journées précédentes, Mademoiselle Yolande, qui ne savait pas s’occuper, fut envahie par l’ennui ; elle trouva que tout allait de travers en ce monde, puisqu’elle continuait à languir dans une obscurité si indigne de son rang et de ses mérites. Le marquis Jacques resta enfermé chez lui jusqu’à l’heure du souper, car