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La belle dame demeura immobile, et pas un muscle de ses traits ne prouva que l’apostrophe impertinente de Mademoiselle Yolande eut produit sur elle la moindre impression.

Pendant ce temps, le marquis Jacques disait à son ami le manufacturier :

— Oh ! comme vous gâtez cette petite fille ! Vous lui laissez user son temps par l’oisiveté, son intelligence par l’ignorance. La vanité remplit son esprit d’erreurs, et pourtant, vous me l’avez dit, il y a tout plein de bons germes en elle. Depuis que je suis ici, je l’observe, et, je vous l’affirme, vous avez de grands torts. Ce n’est pas ainsi que j’entendais l’éducation de ma pupille.

Le manufacturier était tout ébahi.

— Voulez-vous me laisser faire ? Je veux la guérir, et surtout, tenez, je veux ne plus voir souffrir Victor-Louis. Mon titre de gloire le plus enviable, ce serait certainement d’avoir animé cette petite machine si jolie et si creuse.

— Victor-Louis ?

— Eh oui ! vous êtes aveugle, si vous n’avez pas compris ce qui se passe dans le cœur de ce pauvre garçon ; puisque moi, que vous prétendez absorbé par les calculs et la mécanique, je m’en suis aperçu dès mon arrivée ici. Il aime cette petite, et se condamnera au célibat si elle continue à ne pas prendre garde à lui. Cela fera-t-il votre affaire ? répondez oui ou non.

Le manufacturier était de plus en plus ébahi.

— Faites ce que vous voudrez, quoique j’avoue ne pas comprendre comment il se fait que je sois si coupable.