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Là, se trouvait le bel androïde en habit de velours rose ; Yolande se couvrit la tête de ses mains.

— Oh ! pas celui-là ! ne soufflez pas sur celui-là ! murmura-t-elle.

— Sur celui-là plus encore que sur les autres, folle enfant, dit un peu durement le marquis ; croyez vous que si je vous voyais approcher de vos lèvres une coupe pleine de poison, je serais assez indifférent ou assez imprudent pour vous laisser boire ? Bien mieux ! Après avoir soufflé sur tout le monde, je soufflerai sur vous, je soufflerai sur moi, car il faut que tous les enchantements cessent et que la vérité, la vérité seule reste debout ici !

Yolande avait peur ; la main de ce marquis magicien la brûlait comme un fer rouge. Elle le trouvait méchant, impitoyable. N’était-ce point le diable en personne ? Oh ! comme elle tremblait !

— Allons, beau fils, cerveau creux, être inutile, à qui je n’ai jamais rien pu faire produire, sinon l’art de s’habiller et de se déshabiller, dépouillez ce bel habit rose qui fait probablement tout votre prestige, quittez cette perruque poudrée qui cache votre tête vide de pensées ; allons ! allons ! vite ! vite !

Et poussant un ressort caché sous un pli du vêtement, le marquis Jacques obligeait l’androïde à obéir. Yolande était confondue. Elle n’osait point ne pas regarder, puisque le marquis le voulait, mais c’était un coup affreux ! Comment avait-elle pu se tromper ainsi ? mais n’était-ce pas encore un rêve ? le plus étrange, le plus fantastique, le plus ironique des rêves ?

Elle éprouvait moins, disons-le à sa louange, la honte d’avoir été prise pour dupe et de se voir désabusée devant tant de témoins, que l’affliction sincère