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nos maîtres, serait hautement appréciée par plus d’un chef de maison aujourd’hui.

Mlle Yolande ne s’offusqua pas de toutes ces maladresses. Le regard de Victor-Louis était si admirativement respectueux !

En somme, la soirée s’écoula très-rapide.

Yolande, toute pensive, songeait à ce qu’il avait fallu de temps, de travail et de science pour créer tous ces êtres inconscients, si dociles à la voix de leur maître. Elle comprenait que les joueurs de flûte et de tambourin n’étaient pas de simples boîtes à musique ; le joueur d’échecs lui-même n’était pas un simple jouet.

Le marquis Jacques grandissait, grandissait à ses yeux… Ah ! c’était bien le magicien étonnant qui avait fait du manoir désert un château enchanté !

Le marquis parla de ses voyages, expliqua quelques-uns de ses travaux en des termes si savamment simples, qu’ils étaient à la portée des plus jeunes, et qu’ils suffisaient aux initiés.

— Je n’ai rien créé, disait-il avec la simplicité d’un vrai savant, rien ! ni force ni matière ; mais j’ai fait valoir ces deux puissances…

Puis, il s’occupa de la manufacture, de son avenir, qu’il entrevoyait prospère entre les plus prospères. Il parla même de Victor-Louis et de François-Jean. Pour celui-ci, disait-il, le moment était venu d’entreprendre un de ces voyages d’explorations et de découvertes, qui sont aussi indispensables à l’industriel jaloux de donner des développements à son industrie, qu’au savant qui veut enrichir la science de données plus certaines. Pour Victor-Louis, l’heure appro-