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chait de s’établir. Victor-Louis n’aurait que l’embarras du choix ; mais le choix de Victor-Louis était déjà fait sans doute. Victor-Louis dit un oui furtif, Mlle Yolande, qui se devinait le point de mire des regards et de l’attention, bien que l’on n’eût pas l’air de s’occuper d’elle, Mlle Yolande rougit jusqu’aux oreilles. Alors le marquis Jacques aborda résolument la question, disant que puisqu’on était dans un jour de franchise, il fallait que toutes les fourberies fussent dévoilées ; que maître Victor-Louis était un affreux dissimulé, mais qu’on avait découvert son jeu, et qu’on savait jusqu’où il avait osé porter ses regards.

Mlle Yolande rougit plus encore qu’auparavant, si c’est possible. Cette conversation cependant ne lui déplaisait pas. L’aveu de cet hommage timide et respectueux n’excitait plus son dédain ou sa colère.

Le marquis Jacques se réjouissait d’avoir su animer cette jolie petite machine, qui jusqu’alors n’avait pas voulu se servir de son âme pour penser, de son cœur pour aimer.

Tous les ouvriers, tous les employés de la fabrique, furent admis, suivant le désir exprimé par le manufacturier au marquis, à jouir du spectacle unique au monde qu’offrait le grand salon du château de la Sône. Ils purent voir, ils purent toucher du doigt tous ces prodiges. Catherinette elle-même ne s’en fit pas faute. Est-il besoin de dire qu’elle tomba dans la même erreur que sa maîtresse ? Que le beau rêveur en habit rose accapara son admiration, mais qu’elle en réserva cependant une bonne part pour les musiciens ? Ils exécutaient avec tant de brio onze airs différents, parmi lesquels des rondes, des galops et de pétulants rigodons !