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Le lendemain de cette soirée mémorable, le marquis Jacques annonça son intention de quitter la Sône, mais pour quelques semaines seulement, disait-il. Il annonça aussi son désir d’emmener MlleYolande, sa pupille, pour la distraire. Yolande fut à la fois contente et fâchée : contente, parce qu’elle allait à Paris ; fâchée, parce qu’elle quittait une famille à laquelle elle était beaucoup plus attachée qu’elle se l’imaginait.

Pourtant, elle se mit en route, assurant ses amis de son prompt retour. Elle passa un mois tout entier à voyager avec le marquis Jacques. Le marquis Jacques la présenta à la cour et dans quelques salons comme sa pupille ; on lui fit bon accueil à cause de lui ; mais pour elle, comme il était notoire que le comte de Maisonblanche n’avait pas laissé un maravédis, on ne lui accorda qu’une estime de commande, dont, pendant les premiers jours, elle eut la faiblesse d’être un peu mortifiée. Ils résidèrent toute une semaine en Auvergne chez la comtesse de Salvert, fille du marquis Jacques. Là, Yolande fut traitée en enfant de la maison. Très-délicatement, sans froisser en rien son amour-propre, le marquis lui apprit tout ce qu’elle devait au manufacturier, l’exquisité des procédés de son subrogé-tuteur, qui avait liquidé de ses propres deniers la succession paternelle obérée. Il lui fit connaître un peu le monde, un peu la vie, et, quoique elle fût bien jeune, ce voyage la mûrit assez pour lui faire désirer avec une certaine ardeur le retour. Elle se sentait plus dépaysée au milieu de cette société brillante et vide, où le marquis l’avait introduite, que dans la manufacture.

Au retour, elle était si changée à son avantage que