Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/153

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moderne que se trouve la racine du mal, le despotisme de la société, contre lequel on n’a pas encore levé la main.

Voyez l'étudiant arraché à sa maison, à sa famille, jeté dans une ville inconnue et remplie de séductions pour sa jeunesse, sans guides, sans but, se désintéressant du vieux sans s’attacher au neuf. Il advient de ces jeunes gens ce qu’il en doit advenir : ou des fonctionnaires du gouvernement, ou des fonctionnaires-professeurs, ou des fonctionnaires-littérateurs, ou des êtres arrachés sans profit de leur milieu précédent, mêlés à une jeunesse pervertie, qui ne trouveront point pour eux une place dans la vie, et qui deviennent aigris, malades, mécontents. L’université prépare, non les esprits dont a besoin le genre humain, mais les esprits dont a besoin une société pervertie.

L’organisation des universités repose tout entière sur des fondements faux.

Cette université-là est seule compréhensible qui répond à sa définition, à son idée fondamentale : une assemblée de gens dans un but d’instruction mutuelle. Des gens s’assemblent, lisent, causent et finalement s’organisent dans ce but. Voilà la véritable université. Les théories philosopho-pédagogiques prétendent résoudre la question : « Comment former le meilleur homme ? » d’après une certaine éthique élaborée par telle ou telle époque et reconnue indubitable. Platon ne doute pas de la vérité de sa morale ; sur elle, il édifie son éducation, et sur son éducation, sa cité. Comme Platon tous les philosophes pédagogistes cherchent le problème et le but d’instruction dans l’éthi-