Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/164

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morales de l’individu, et il s’agit, avant tout, de changer, de transformer, d’affranchir l’individu qui ne peut être affranchi — moralement — que par des efforts évolutifs sur lui-même.

Quiconque veut être libre doit s’affranchir lui-même, par sa propre volonté, le contraire prouve ou qu’il ne porte pas dans son âme la notion de la liberté ou qu’il n’a pas assez de volonté pour atteindre cette liberté. Et la liberté ne se donne pas : elle se conçoit ; on ne peut pas la réclamer : on doit la prendre. Mais cela ne peut pas être appliqué aux enfants dont la volonté est encore à former. Nos efforts doivent être donc portés : 1º vers nous-mêmes et 2° vers ceux qui composeront la cité future — vers les enfants. Au lieu d’apprendre aux jeunes gens comment leurs ancêtres se massacraient les uns les autres, il faudrait leur apprendre à vivre, à travailler, à lutter, il faudrait leur apprendre à voir dans la jeune fille non pas un objet de plaisir, non pas un objet d’utilité, non pas même un enfant à gâter, mais un être majeur, conscient, responsable, ayant les mêmes droits que l’homme et possédant un trésor d’affection qu’elle ne demande qu’à lui donner.

Et alors, l’homme et la femme seraient affranchis, et la société serait libre, et l’humanité serait vraiment intégrale ! Là doit être le but de tous nos efforts, de toutes nos luttes, de toutes les aspirations de la femme, de la mère. Elle ne doit jamais oublier que son émancipation ne doit être que morale, qu’elle ne doit avoir pour but que la régénération, la purification de la famille et l’élévation des générations à venir.