Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des émotions, des sentiments de la souffrance humaine, mais je n’aime pas les œuvres artificiellement indéchiffrables de certaines écoles modernes. L’artiste ne doit appartenir à aucune école. Il vaut mieux qu’il reste solitaire que de subir l’influence tyrannique et funeste de ceux qui prêchent toujours et ne font jamais rien. Il n’est pas d’œuvre plus vide que celle de certaines « chapelles d’art ». Elles n’ont apporté jusqu’à présent aucune pensée nouvelle, elles n ont jamais eu aucune conception neuve. Je suis absolument de l’avis de l’auteur de Qu’est-ce que l’art ? — que le penseur, le peintre, ne sera guère celui qui, élevé dans une école ou une « chapelle » où l’on est censé de former l’artiste (et où, à proprement parler, on forme un destructeur de l’art), recevra le diplôme et le poinçon de garantie : ce sera celui qui, ne voulût-il ni penser ni exprimer ce qu’il sent dans l’âme, ne pourra point s’en empêcher, sous l’impulsion de deux forces insurmontables : la poussée intérieure et le besoin qu’ont les hommes des produits artistiques et intellectuels. Ce n’est point à l’école que s’instruit le véritable artiste, c’est dans la vie, en étudiant l’exemple des grands maîtres. Les écoles d’art ont une influence doublement funeste. Elles détruisent, d’abord, la capacité de produire de l’art véritable chez ceux qui ont eu la malchance d’y entrer et d’y perdre sept, huit ou dix ans de leur vie. Et en second lieu elles produisent d’énormes quantités de ces contrefaçons de l’art qui pervertissent le goût des masses et qui, d’après Tolstoï, sont en train d’envahir le monde. C’est dans ces « écoles » et dans la recherche