Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/118

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les glaces, était jeté de tous côtés sur le plancher. Je ne sais si, à ce moment, j’avais bien ma raison ; mais, ce que je puis dire, c’est que je souffrais mille morts. J’étais torturée moralement par les craintes les plus odieuses. J’essayais de combattre les angoisses que j’éprouvais, en me rappelant que les pirates s’étaient refusé de me lier les mains, ce qui me semblait témoigner de leur part une certaine déférence pour les femmes ; mais il me revenait à l’esprit bien des histoires lugubres qu’on m’avait racontées et qui constaient la férocité de leur nature. Aussi, j’eusse préféré me jeter vingt fois à la mer que d’être victime de leurs brutalités ; et à l’heure où j’écris ces lignes, on peut croire que si je raconte tout au long les souffrances que j’ai endurées, c’est que Dieu, dans sa paternelle sollicitude, n’a pas permis que de telles horreurs fussent ajoutées au nombre des épreuves qu’il me réservait. J’y eusse succombé ; du reste tant le nombre des ennemis qui nous tenaient en leur pouvoir était considérable, le lendemain de notre capture, nous pouvions en compter amplement un mille. Je me reposais en proie à ces sombres préoccupations, sur un large divan en velours vert qui