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Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/119

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était resté dans une des chambres et qu’on n’avait pu faire sortir à cause de sa dimension. J’étais veillée par le bon Than-Sing et par le brave capitaine Rooney. Quant au subrécargue, homme à la figure fausse, il a montré tant de lâcheté dans cette affaire, qu’il ne mérite aucunement d’être cité.

Pendant toute cette journée, nos matelots n’eurent pas de relâche, ils travaillaient sous le sabre en poussant des gémissements, leur fatigue était grande ; vers le soir, Than-Sing obtint pour eux qu’ils prendraient quelque repos ; il parvint aussi à nous apporter une gamelle de riz cuit à l’eau. C’était tout ce qui restait de nos vivres : ils en mangèrent ; quant à moi, de même que le matin, je ne pus rien prendre. Ces émotions successives me tenaient dans un état de fièvre qui m’ôtait toute idée de nourriture.

Nous avions obtenu de fermer toutes les portes ; mes compagnons reposèrent dans la pièce voisine de celle où j’étais. Je passai une nuit comme les damnés seuls doivent en avoir ; j’entendais les cris de ces hommes célébrant leur facile victoire, et les frayeurs de mon cerveau troublé ne me faisaient voir que poignards, incendies et scènes sanglantes. Voulant