Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/120

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respirer un peu d’air, je me précipitai, toute haletante, vers une petite fenêtre qui donnait sur la mer, et j’apercevais à la clarté de la lune les forbans qui se partageaient le butin dans le plus grand tumulte. Ce spectacle était bien fait pour perpétuer mes affreuses visions.

Le jour vint. Il y avait à peine une heure que nos matelots étaient parmi les Chinois, lorsque nous entendîmes une rumeur qui n’était pas ordinaire. En effet, quelques-uns des nôtres vinrent à pas précipités, et nous dirent avec une voix troublée « Les pirates se sauvent !… les pirates se sauvent !… » Une lueur d’espoir traversa en ce moment l’esprit de chacun de nous nous crûmes un instant que nous touchions au terme de nos épreuves, car l’effroi subit des pirates nous semblait ne devoir être causé que par l’approche d’un steamer ; mais nous fûmes trompés d’une manière bien douloureuse quand nous eûmes porté nos regards à l’horizon. Hélas ! ce que nous avions cru être notre délivrance n’était, au contraire, qu’un accroissement à nos maux. Il n’y avait plus à en douter ; au loin une nouvelle flottille de jonques se dirigeait à toutes voiles vers nous. Pen-